Si cela vous semble familier, vous n’êtes pas seule. L’anxiété est extrêmement répandue, surtout chez les femmes. En réalité, environ 30 % des femmes souffrent d’un trouble de l’anxiété au cours de leur vie, contre seulement 19 % des hommes (Archives of General Psychiatry, 1994)1.
Malgré sa prévalence, l’anxiété est souvent reléguée au second plan derrière les discussions sur la dépression dans le domaine de la santé mentale des femmes. De nombreuses femmes ignorent à quel point ce trouble est fréquent, en particulier pendant la transition vers la ménopause.
L’anxiété pendant la ménopause peut se manifester de façon inattendue, au niveau de votre corps et de votre esprit, de manières que vous ne soupçonnez peut-être pas. Il ne s’agit pas seulement d’un « simple sentiment d’inquiétude », il existe un lien profond avec les changements hormonaux du milieu de la vie.
Comprendre l’anxiété : deux types d’anxiété à connaître
L’anxiété ne se présente pas toujours de la même façon. Comprendre la différence entre l’anxiété somatique et l’anxiété affective peut vous aider à mieux comprendre ce qui se passe :
- L’anxiété somatique : il s’agit de l’anxiété que vous ressentez dans votre corps. Parmi les symptômes, citons un cœur qui s’emballe, des muscles tendus, des troubles du sommeil ou même des bouffées de chaleur. Il s’agit d’une sensation physique d’être « sur les nerfs », même s’il n’y a pas de raison émotionnelle à cela.
- L’anxiété affective : l’anxiété affective est davantage liée aux émotions. Elle se manifeste par de l’inquiétude, de la peur ou un sentiment persistant de crainte. Vous pouvez vous sentir irritable, accablée ou incapable d’arrêter les pensées négatives.
Hormones, bouffées de chaleur, SGUM et anxiété : comment sont-ils liés?
Les changements hormonaux de la ménopause – en particulier la baisse des œstrogènes – peuvent affecter la façon dont le cerveau régule l’humeur et dont le corps réagit au stress. Mais ce n’est qu’une partie du problème.
Des études ont également établi des liens entre les symptômes vasomoteurs (SVM), comme les bouffées de chaleur et les sueurs nocturnes, le syndrome génito-urinaire de la ménopause (SGUM) et l’anxiété. Par exemple :
- Pendant la ménopause, l’anxiété somatique a tendance à prendre le devant de la scène. Une étude à long terme (Menopause: The Journal of The North American Menopause Society, 2016)2 a révélé que les symptômes physiques tels que l’accélération du rythme cardiaque et l’agitation étaient trois fois plus susceptibles d’accompagner les bouffées de chaleur que les symptômes émotionnels comme l’inquiétude ou la peur.
- Les femmes atteintes du syndrome génito-urinaire de la ménopause sont plus susceptibles de souffrir d’anxiété et de dépression, en particulier entre 45 à 54 ans (Menopause: The Journal of The North American Menopause Society, 2020)3.
Bien que le SGUM ne soit pas nécessairement une cause d’anxiété, les symptômes non traités – comme la sécheresse vaginale ou la douleur pendant les rapports sexuels – peuvent avoir un impact significatif sur la santé mentale.
En parlant ouvertement avec votre médecin de symptômes tels que les bouffées de chaleur, la sécheresse vaginale ou les rapports sexuels douloureux, vous pouvez trouver des traitements pour remédier aux conséquences physiques et émotionnelles.
Pourquoi l’anxiété atteint-elle son paroxysme pendant la ménopause?
Si l’anxiété est nouvelle pour vous, vous pourriez la voir s’intensifier pendant la ménopause, en particulier à la fin de la périménopause, c’est-à-dire juste avant l’arrêt complet des règles. Une étude réalisée en 2013 (Menopause: The Journal of The North American Menopause Society, 2013)4 a révélé que l’anxiété atteint souvent un pic pendant cette période, créant ainsi ce que les chercheurs appellent une « fenêtre de vulnérabilité ».
Voici ce que l’étude a révélé :
- Les femmes sans antécédents d’anxiété ont vu leur taux d’anxiété passer de 4,6 % à la préménopause à 13,5 % à la fin de la périménopause. Cette augmentation est étroitement liée aux changements hormonaux qui se produisent à ce stade.
- Rien n’a changé pour les femmes qui avaient déjà un niveau d’anxiété élevé avant la ménopause, ce qui suggère que leur anxiété était davantage influencée par des facteurs à long terme comme le stress de la vie ou des problèmes de santé.
Ce que cela signifie pour vous
Comprendre le lien entre l’anxiété et la ménopause permet de vous donner les moyens d’agir. Vous avez ainsi une idée plus claire de ce qui se passe et de la façon de gérer vos symptômes. Voici ce que suggèrent les données probantes :
- Si vous avez souffert d’anxiété avant la ménopause, travaillez avec votre fournisseur de soins de santé pour la gérer lors de cette transition. Les changements hormonaux ne sont peut-être pas la cause première, mais ils peuvent tout de même aggraver l’anxiété existante.
- Si l’anxiété vous semble nouvelle, elle pourrait être liée aux changements hormonaux de la ménopause. Reconnaître que cela fait partie de la transition peut vous aider à trouver le bon traitement et le bon soutien.
- Les bouffées de chaleur et l’anxiété sont étroitement liées : la prise en charge de l’une peut aider l’autre. La prise en charge des bouffées de chaleur peut soulager l’anxiété, et la réduction de l’anxiété peut rendre les bouffées de chaleur moins intenses.
- La sécheresse vaginale et les rapports sexuels douloureux sont également importants : ces symptômes physiques peuvent avoir des répercussions sur votre santé mentale, c’est pourquoi il est essentiel de les traiter rapidement.
Comment trouver un soulagement?
L’anxiété pendant la ménopause est réelle, mais il existe des moyens efficaces pour se sentir mieux :
- Parlez à votre fournisseur de soins de santé : il peut vous aider à décider si le traitement hormonal (THS), les médicaments contre l’anxiété ou d’autres traitements sont indiqués pour vous. Le THS est particulièrement efficace pour l’anxiété liée aux changements hormonaux et aux SVM.
- Essayez les approches qui relient le corps et l’esprit : la pleine conscience, la médiation, le yoga et les techniques de relaxation peuvent soulager les symptômes physiques et émotionnels.
- Faites de l’exercice régulièrement : l’activité physique favorise la santé mentale, réduit le stress et favorise un meilleur sommeil.
- Privilégiez une alimentation équilibrée : les recherches suggèrent qu’un régime de type méditerranéen – riche en fruits, légumes, céréales complètes et graisses saines – peut aider à réduire l’anxiété (Menopause: The Journal of The North American Menopause Society, 2022)5.
- Évitez l’alcool et les aliments riches en graisses et en sucres, qui peuvent aggraver les symptômes.
- Consommez des aliments riches en fer, comme les légumes verts à feuilles et les lentilles, surtout si vous êtes épuisée par des règles abondantes. Associez-les à de la vitamine C (comme les oranges) pour une meilleure absorption.
- Traitez les bouffées de chaleur, la sécheresse vaginale et les rapports sexuels douloureux : le traitement de ces symptômes par des changements de mode de vie, la THS ou d’autres options peut atténuer leur impact émotionnel.
Vous n’êtes pas seule
L’anxiété pendant la ménopause est plus fréquente que vous ne le pensez, et il n’y a pas lieu d’en avoir honte. Qu’il s’agisse d’un problème auquel vous êtes confrontée depuis des années ou d’un nouveau défi, le fait de comprendre comment il est lié aux changements hormonaux constitue la première étape vers le soulagement.
Avec du soutien et les stratégies appropriés, vous pouvez reprendre le contrôle, briser le cycle de l’anxiété et vous épanouir au milieu de la vie et au-delà.
Ressources
- Kessler RC, McGonagle KA, Zhao S, et al. Lifetime and 12-month prevalence of DSM-III-R psychiatric disorders in the United States. Résultats de l’enquête nationale sur la comorbidité. Archives of General Psychiatry 1994 Vol. 51, pp. 8-19.
- Freeman EW, Sammel MD. Anxiety as a risk factor for menopausal hot flashes : evidence from the Penn Ovarian Aging cohort. Menopause: The Journal of The North America Menopause Society 2016 Vol. 23, pp. 942-949.
- Moyneur E, Dea K, et al. Prevelance of depression and anxiety in women newly diagnosed with vulvovaginal atrophy and dyspareunia. Menopause: The Journal of The North America Menopause Society 2020 Vol. 27, pp. 132-142
- Bromberger J T, Kravitz H M, et al. Does risk for anxiety increase during the menopausal transition ? Study of Women’s Health Across the Nation. Menopause: The Journal of The North America Menopause Society 2013 Vol. 20, No. 5 pp. 488-495
- 5. Grigolon R B, Ceolin G et al. Effects of nutritional interventions on the severity of depressive and anxiety symptoms of women in the menopausal transition and menopause : a systematic review, meta-analysis, and meta-regression. Menopause: The Journal of The North America Menopause Society 2022 Vol. 30, No. 1 pp. 95-107